Exil, corruption et peur : le testament fictif de Macky Sall, ancien dictateur du Sénégal
Ancien dictateur du Sénégal, Macky Sall, surnommé "Sa Rondeur", exprime dans un testament fictif ses remords et ses peurs après avoir quitté le pouvoir. Il se réfugie au Maroc, évoquant sa culpabilité liée à des affaires de corruption, de trafic d'armes, et des massacres sous son régime. Sentant l'étau se resserrer avec l'avènement d'une nouvelle ère politique menée par Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, il s'inquiète pour son avenir, tout en cherchant à préserver son immunité parlementaire lors des élections de 2024.
Je m’appelle Sa Rondeur Sall, autrefois petit dictateur et narcotrafiquant dans un doux pays nommé le Sénégal. Je traîne des casseroles si lourdes qu’elles ne pourraient jamais entrer dans une soute d’avion. Ma foi, si j’en ai une, est un embrouillamini dans ma tête. Je ne sais plus ce que je pense, ni ce que je dois raconter face au tourbillon des événements. Que vais-je devenir ? Ousmane Sonko et Emmanuel Macron sont mes deux malheurs, sans oublier mon bienfaiteur, le roi du doux royaume chérifien où je me suis réfugié, avec ma douce Marième, ma moitié, épouse fidèle des bons et des mauvais jours. Ousmane Sonko, sortez de mon corps grassouillet et dodu ! Oui, je suis Sa Rondeur Sall, ancien petit dictateur et narcotrafiquant du Sénégal. Mais je ne suis pas un trafiquant de drogue, même si, dans l'imaginaire collectif sénégalais, mon nom est associé à toutes sortes d’affaires. Il est vrai qu'un trafic d'armes me concerne. En fait, j’étais mêlé à tout, car je régnai sur tout. Ma personne était sanctifiée, jusqu’à ce que le peuple, sous la direction d’un vaillant homme, m’éjecte du pouvoir. Évoquer son nom dans ce testament m’horripile, car je ne veux pas que son visage figure dans une fresque de ma vie. Depuis mon départ de ce pays, des cafards sortent de tous les tiroirs et ternissent mon image. Je me sens abandonné. Les nuits sont longues, mon seul refuge. Heureusement, ma tendre épouse est là pour me réconforter. Mais je me sens trahi par tout le monde, même par mon griot des temps modernes, ce grand voleur. Oh Farba, où es-tu ? On t’a aussi interdit de sortir du territoire. Mais tu pourrais traverser le fleuve et me rejoindre au Maroc, ce doux pays où la vie semble renaître, où je vis dans un magnifique riad digne des mille et une nuits. Un jardin d’Éden en fleurs, où l’on se raconte les fables de Sa Majesté Sall Lamtoro Bur Guédé, cette lignée de guerriers assoiffés de guerre et de sang. Ah, le pouvoir est grisant ! Il m’a rendu si riche. Je me souviens de la richesse que Wade m’a offerte à mi-mandat. Ah, Abdoulaye Wade, si généreux, si talentueux, cet homme aux mille flèches. Mais la trahison est devenue mon arme fétiche. Quand il a perdu le pouvoir, je l’ai traîné dans la boue. J’ai même attaqué son fils, ce pilleur de fonds publics. Mais honnêtement, j’ai fait pire que lui. L’argent et moi, c’est une vieille histoire. Je l’aime trop. Même dans mes rêves, je le compte. Face à l'argent, je perds tout contrôle et je pourrais même vendre ma douce moitié. Elle le sait, et c'est peut-être ce qui nous unit. Rire jaune. Pour l’argent et le pouvoir, je pourrais vendre ma famille, même mon frère Aliou, un traître qui s’est rapproché de mon ancien Premier ministre. Celui-là, surnommé Amwang ou Bazoum, est l’éternel mal-aimé de la politique sénégalaise. Je le déteste, mais il me fait peur avec sa richesse. Après plusieurs enquêtes, j’ai découvert qu’il volait autant que moi. C’est incroyable qu’un fonctionnaire dans ce pauvre pays puisse être aussi riche. Je me suis rendu compte que je n’étais pas le seul à voler les fonds publics. Quant aux 2750 kg d'or sortis du territoire par mon fidèle serviteur, c’était mon idée. Lui, il n’a eu que des commissions. Un homme de paille parfait, malgré une brouille que nous avions autrefois, mais Marième a fait taire nos querelles. Chers amis qui lisez ce testament, je suis dans de beaux draps. Je traîne des casseroles si énormes qu’elles ne pourraient jamais entrer dans une soute d’avion. C'est pourquoi j’en ai laissé beaucoup derrière moi en filant à l’anglaise après la prestation de serment du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Oh, ce sérère au sang noble, il me rappelle ma douce épouse, aimante et féroce à la fois. Ma Marième, mi-ange, mi-démon, qui m’a fait voir de toutes les couleurs. Elle a bien profité de mon règne avec ses amies et griots. Une autre Simone Gbagbo des tropiques, un personnage riche et démesuré. Elle m’a poussé à certaines fourberies. Fallait-il que je tue en quittant le pouvoir ? Quelques regrets, peut-être. Comme me le disaient mes amis dictateurs africains, c'était parfois nécessaire. Mon Dieu, j’ai tué, massacré même, d’innocents citoyens. Le sang me donnait de l’énergie. J’étais un monstre froid. J’avais des hommes de main comme Rambo M. Fall, ce général impitoyable, et Antoine Diome, mon ministre de l'Intérieur, qui faisait le sale boulot. Aucun scrupule chez ces hommes. Ismaila M. Fall, ce professeur corrompu, taillait la Constitution à ma mesure. Trois hommes qui m'appartenaient, mais que je n’ai pas pu emmener à Marrakech. On dit que j’ai tué plus de quatre-vingts Sénégalais, mais je pense que le nombre dépasse la centaine. Des regrets ? Peut-être. La vie est faite de regrets amers et de doux souvenirs. Cette Constitution, sur mesure, était mon œuvre. Mon homme, ImF, je te remercie, mais tu m’as mis dans un beau pétrin. Toi, grand amateur d’argent et d’ordres. Je ne te faisais pas entièrement confiance. Mon vrai chien de garde était ce général sans grade, fou peut-être. Et puis, il y avait Bandiaky, un homme de main prématuré, passionné de sports de combat et d’armes. Son nom revient sans cesse dans l’affaire des militaires disparus. Et mon nom aussi. Mais mon ami M. Diagne, l’homme des officines sombres, y est sûrement pour quelque chose. Il me manque cet homme, un menteur de talent. Il m’a couvert de louanges, même dans l’affaire d’A. Sarr, qui a mis ce pays à feu et à sang. Pour me refaire une virginité politique, mon parti ApR, dilué dans la coalition Takku Wallu Sénégal, m’a placé tête de liste pour les législatives de novembre 2024. Je veux cette immunité parlementaire, et peu m’importe le reste. Je m’appelle Macky Sall, et je me fiche de tout. Même si le tandem Diomaye-Sonko avance son agenda à grands pas, je suis là. La politique intense finira par pousser certains d’entre nous à la retraite. Ces élections ne seront pas de tout repos. J'aimerais rentrer au Sénégal pour battre campagne, mais comment faire ? Je pourrais passer par la Gambie, mais Adama Barrow ne m'appelle plus. Peut-être par la Mauritanie ? Non, je suis de sang noble, un guerrier. Pourtant, la prison n’est pas loin, et ma vie est en danger. Rester à Marrakech et prier à Fès avec Marième, c'est peut-être la solution. Je ne veux pas finir comme Mobutu. Mais mon pays, que j’ai souillé, voudra-t-il encore de moi ? Je sais que je ne dormirai plus jamais en paix. Le duo Diomaye-Sonko est toujours là, mais peut-être qu’ils ne dureront pas. Macron, ce petit dieu, a rompu mon contrat de liberté. Me terrer au Maroc, voilà ce qui me reste. Mais que Macron aille au diable ! Recevez ce testament depuis Marrakech, au Maroc.
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